Compulsion de répétition (1/3)
Ou pourquoi nous faisons toujours le mauvais choix
Le concept de « répétition » a été tout d’abord élaboré par Freud en 1914 déjà, et c’est à lui qu’on doit sa découverte. Mon intention ici n’est pas d’élaborer sur le concept de répétition théorique, mais de l’illustrer tel qu’on le voit en clinique, c’est-à-dire au sein du cabinet. En effet, un nombre important, pour ne pas dire la majorité des nouveaux patients qui franchissent le seuil du cabinet psy, viennent avec la plainte qui concerne directement la compulsion de répétition.
Voici quelques exemples. Une jeune femme de vingt-huit ans souffre du comportement jaloux et narcissique de son compagnon. Ils sont en processus de rupture, cependant la jeune femme retourne chez son compagnon dès que celui-ci l’appelle en suppliant de revenir, avec la promesse de changer et tout remettre à zéro. La patiente dit : « Je sais, je sais intellectuellement qu’il ne pourra pas changer, mais… je l’aime. Je sais qu’au fond de lui c’est quelqu’un de bien.»
Ou, un monsieur de soixante-huit ans subi au quotidien les injures et humiliations de sa femme qui lui accuse d’être un « faible, quelqu’un sur qui on ne peut pas compter » et menace de le quitter avec son amant. Mais, le mari persévère stoïquement à vouloir à tout prix sauver le couple, et cherche toutes les astuces possibles pour apaiser sa femme. Il avoue : « Je sais, je sais au fond de moi qu’on est trop différents, ma femme et moi, mais c’est mon troisième mariage. Les deux précédentes se sont finies de la même façon, et je n’ai pas envie de me retrouver à nouveau seul à soixante-dix ans. »
Tous ces patients viennent demander de l’aide à travers la psychothérapie quand ils prennent conscience que la même histoire se répété, et se répète. Les villes changent, le lieu de travail changent, mais les personnalités toxiques qu’ils attirent s’avèrent être étrangement les mêmes, dans le sens où ces personnalités ouvrent la même plaie, réactivent la même douleur. « Pourtant, au début, c’est-à-dire les premières quatre mois, il semblait si diffèrent, tout était si beau, si parfait… Et là, c’est reparti… »
(la suite dans un billet à venir)