Parler, ça ne sert à rien ?
La thérapie psychodynamique
Il est de plus en plus courant d’entendre, même dans le milieu des thérapeutes, que la bonne vielle psychanalyse « ne sert à rien », que « parler, ça ne change rien », etc. Il est parfaitement vrai que beaucoup des psychanalystes eux-mêmes prétendent que le mot « guérir » est un gros mot. Combien de fois n’ai-je pas entendu, dans les soirées, un collègue dire sur un ton confidentiel : « Aller mieux, oui. Guérir, non. » De ce fait, la psychanalyse Lacanienne nous dit que le but ultime d’une cure est que le patient accepte son symptôme, apprenne à vivre avec, mais qu’il n’essaye surtout pas de l’éradiquer, car le symptôme et le sujet sont liés ensemble pour toujours.
Dans l’autre camp, nous avons les thérapies alternatives : hypnose, thérapies par mouvements oculaires, thérapies par médiation corporelle, thérapies brèves, etc. : ici, « guérir » devient un impératif, de préférence dans un lapse de temps entre une et cinq séances. Mais, malgré ces promesses miraculeuses, la bonne vieille thérapie par la parole persiste… Pourquoi ?
Il faut tout d’abord faire la distinction entre la psychanalyse classique et la thérapie dite « d’inspiration psychanalytique » ou « psychodynamique ». Dans la psychanalyse classique, le patient est sur le divan, ne voit pas son analyste, et celui-ci fait peu de commentaires et surtout pas d’ « interprétations ». L’émotion de la part de l’analyste est vue d’un mauvais œil et le silence est loué, car le patient doit apprendre à « gérer la frustration ».
La thérapie d’inspiration psychanalytique ou psychodynamique est tout autre, malgré la confusion que suscite son appellation. (Cette approche est en effet, issue de la psychanalyse, mais a beaucoup évolué à partir de là.). D’abord, le thérapeute et son patient sont assis face-à-face, à une distance pas trop éloignée, la communication non-verbale, c’est-à-dire le contact visuel étant primordial. Ici, le thérapeute est beaucoup plus impliqué que dans la cure psychanalytique. Il écoute, mais il soutient, pose des questions, dirige la séance, explique et surtout informe le patient avec toute son expérience et capacité, pour que le patient se sente le mieux armé possible de confronter avec succès sa problématique.
Cette thérapie humaniste est non seulement très efficace, mais nous avons peut-être au jour d’aujourd’hui la preuve scientifique que parmi toutes les thérapies sous le soleil, c’est celle-ci qui est la plus efficace. Et qui tient dans le temps, longtemps après que la dernière séance soit terminé.
Dr. Jonathan Shedler, chercheur à la faculté de médecine de l’université de Colorado, Denver, a comparé huit méta-analyses comportant 160 études sur la thérapie psychodynamique, avec neuf méta-analyses d’autres approches thérapeutiques et les médicaments antidépresseurs. Selon le Dr. Sedler
, les autres approches thérapeutiques avaient des résultats qui étaient limités dans le temps, mais la thérapie psychodynamique était la seule qui instiguait des changements et une évolution dans la psyché du patient qui s’intensifiait et croissait longtemps après que la dernière séance fut terminée.
La psychanalyse classique à longtemps renié les études statistiques, et ceci à son propre détriment. Le résultat inévitable a été que des autres formes de traitement, par exemple les thérapies comportementales et cognitives, les fameux TCC’s, ont su s’établir sur le prétexte qu’ils étaient « scientifiquement validés » et appuyés par des « recherches empiriques ». Cependant, les nouvelles donnés comme celles du Dr Shedler, confirment ce que maints thérapeutes et patients savaient par expérience : la thérapie par la parole, la thérapie « classique » marche, marche très bien, et en terme d’efficacité, c’est ce qu’il y a de mieux.